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Actualité, Débat, Reconstruction Politique, Philosophie, Ethnologie (plantes), Economie, Handicap et Divers c'est le programme que vous aborderez chaque jour en suivant le blog ! Je suis à l'origine de la création de la revue de philosophie de METZ "Le Jardin" et participe à la rédaction de Rebelle[s], magazine bimestriel national. Je souhaite faire de ce blog, un lieu de débat. Il a pour but d'ouvrir plusieurs pistes de réflexions sur des questions politiques, ainsi que publiques qui engagent l'avenir de la société Française et Européenne. Une façon de reprendre notre destin en main pour un auteur idéaliste qui voit le monde se plaire dans le désenchantement.

La Démocratie contre le despotisme

La Démocratie contre le despotisme

La démocratie reste le meilleur système politique connu de nos jours, mais c'est « un colosse aux pieds d'argile ». Nous vivons peut-être actuellement, une dérive despotique. La situation peut nous rappeler étrangement celle d'avant le 2 décembre 1851. Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la seconde république le 10 décembre 1848, il irrite profondément l'assemblée et profite de ce climat instable pour laminer toute opposition à son pouvoir. Ses gesticulations et ses accrocs à la constitution, endorment peu à peu l'assemblée. Les légalistes comme Victor Hugo, député d'alors, essaient d'avertir la population d'un coup d'état imminent, mais elle ne s'en aperçoit guère. La déstabilisation de l'assemblée et de son opposition, déjà en piteux  état, par la limitation du droit d'amendement, ne prépare-t-il pas un coup d'état, pour un nouveau petit homme ? Le plus grand danger pour la démocratie arrive souvent par la démocratie elle-même, lorsque l'électeur se reporte vers des hommes qui portent en eux des tendances extrémistes. Alexis de Tocqueville nous éclaire sur ses dérives dans « De la démocratie en Amérique ».

 

Biographie

 

Alexis de Tocqueville (1805-1859), il est né à Paris. Le jeune magistrat, il est chargé en 1831 d'une enquête sur le système pénitentiaire aux États-Unis. À son retour, il est écrit son ouvrage magistral et visionnaire sur le destin de la démocratie « De la démocratie en Amérique » entre 1835 et 1840. Il est élu député en 1839 puis devint ministre des affaires étrangères en 1849. Ils quittent ensuite la vie politique pour se consacrer à ses travaux sur l'Ancien Régime et la Révolution jusqu'à sa mort.

 

Présentation de l'ouvrage

 

Tocqueville publia « De la démocratie en Amérique » en 1840, au retour d'un voyage aux États-Unis avec son ami Gustave de Beaumont durant lequel il avait pour mission d'étudier le système pénitentiaire américain. La première partie de l'ouvrage est consacrée à une analyse de la vie sociale et politique américaine, à l'étude de ce peuple dans lequel les hommes sont « nés égaux au lieu de le devenir ». Dans la seconde partie, l'auteur s'interroge sur les conséquences et les effets de la marche de l'égalité qu'il voit à l'œuvre dans ce pays. Soulignant les grands avantages du régime démocratique (libertés individuelles, rôle moteur du peuple), il en montre aussi, de manière réellement visionnaire les dérives possibles. Il montre ainsi que l'uniformisation des individus, l'égoïsme et l'isolement de chacun peut mener au despotisme doux et bienveillant amené par une majorité disloquée. C'est l'une des dérives à craindre. Il est alors de la responsabilité de chaque nation que « l'égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères ».

 

Extrait choisi

 

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, et comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine, quand au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et, s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-là s'élèvent un pouvoir immense et tutélaire, qui se chargent seul d'assurer leur jouissance est de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril ; mais il cherche au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leur succession, divise leurs héritages, ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre ; qu'il referme l'action de la volonté dans un petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement et le berger.

 

J'ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu'on ne l'imagine avec quelques-unes des formes extérieures de la liberté, et qui ne lui serait pas impossible de s'établir à l'ombre même de la souveraineté du peuple ».

 

Alexis de Tocqueville

De la démocratie en Amérique, Tome II, Parti IV, chapitre 5, Gallimard Flammarion, 1986

 

Le pouvoir despotique contre la démocratie

 

Le pire n'est jamais certain et aujourd'hui plus qu'en 1851, une force d'opposition construite est prête à émerger pour sauvegarder la démocratie. Cette force souhaite rénover notre démocratie et renforcer notre pacte républicain. Elle porte l'Europe dans son essence et pourra défendre les valeurs de notre continent et celle de la France, en s'appuyant sur nos institutions supranationales, pour protéger la nation française de cette dérive totalitaire : c'est le Mouvement Démocrate. Malgré tout, comme dirait Alexis de Tocqueville : « Je crois que nous nous endormons sur un volcan ».

Liberté ou Démocratie

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